RDC/Proposition d’un dialogue pour la cohésion sans partage du pouvoir : une supercherie déjà vécue ![Analyse de Molière Malanga Mwana Mankanza]

Solliciter des échanges politiques entre Congolais pour retrouver la cohésion nationale, tout en prétendant que ces échanges ne déboucheront pas sur le partage du pouvoir, est une supercherie que seuls des fanatiques, amnésiques ou ignorants pourront croire.

 

Admettons que ces échanges visent uniquement la cohésion nationale pour faire face à l’agression dont notre pays est victime. Quelle garantie auront les opposants et les partisans de cette thèse que les résolutions adoptées seront appliquées par ceux qui détiennent le pouvoir aujourd’hui ?

 

Au Congo, il est devenu courant que lorsque le pouvoir en place, sur initiative ou demande de l’opposition et/ou de la société civile, se réunit pour discuter des questions cruciales de l’État, le gouvernement en place soit restructuré pour y intégrer certains membres de l’opposition et de la société civile. Cela a été le cas avec le Gouvernement Matata 2 en 2014, qualifié de « Gouvernement de cohésion nationale », suite aux « Concertations Nationales », ou encore avec les gouvernements Samy Badibanga et Bruno Tshibala.

 

Concernant Martin Fayulu, qui a été le premier à lancer cet appel parmi les opposants, il est pertinent de rappeler son changement de cap. Après avoir boycotté les élections précédentes, il a finalement décidé de s’y engager, adoucissant son discours envers le régime. Cela soulève des interrogations sur son rapprochement avec le pouvoir et ses intentions concernant un changement de la Loi fondamentale, qui pourrait redémarrer le compteur des mandats présidentiels.

 

Comme on le dit, en politique, rien n’est gratuit. En acceptant d’accomplir cette mission à haut risque, l’ancien « Président élu mais non élu » pourrait espérer des promesses de reconnaissance, comme celle d’un buste au Jardin des Premiers ministres, après celui de la Première ministre Judith Tuluka.

 

L’histoire semble se répéter. Les concertations nationales qui ont mené à la formation du gouvernement Matata 2, au début du deuxième mandat de Joseph Kabila, étaient prétendument motivées par la même recherche de cohésion nationale. Ce qui avait conféré au gouvernement son nom de « Gouvernement de cohésion ».

 

De même, la position de boycott exprimée par certains acteurs politiques et de la société civile, dont Ensemble de Moïse Katumbi, est jugée par Fayulu comme motivée par un conflit personnel avec Félix Tshisekedi. Il oublie qu’en 2016, il avait également boycotté le dialogue de la Cité de l’OUA, le qualifiant de « monologue » ou de « dialogue des amis de Kabila ».

 

En nous basant sur ces exemples, peut-on croire que l’initiative de Martin Fayulu fera exception à la règle du « partage du gâteau » après les échanges entre pouvoir, opposition et société civile en RDC ?

 

À ceux qui pourraient percevoir notre analyse comme un simple procès d’intention, il est important de rappeler qu’en date du 28 août, le VPM et Ministre de l’Intérieur, Jacqmain Shabani, a répondu positivement à une structure de la société civile qui demandait l’autorisation d’afficher des calicots pour sensibiliser la population sur un référendum d’initiative populaire pour la révision constitutionnelle.

 

D’un côté, les politiques proposent un dialogue pour la cohésion nationale, et de l’autre, la société civile sensibilise pour la révision constitutionnelle. Coincidence ou stratagème orchestré par le régime pour obtenir légitimement une révision de la constitution afin de prolonger son pouvoir ?

 

Qu’il s’agisse d’une coïncidence ou d’une volonté orchestrée, une chose est certaine : si ce dialogue a lieu, la question de la Loi fondamentale sera débattue. Étant donné la configuration politique actuelle, et l’absence de certaines formations politiques de l’opposition, il est probable que l’écrasante majorité des participants votera en faveur des modifications.

 

Wait and see!

 

*Molière Malanga Mwana Mankanza*