RDC: Les notables de l’Equateur vent debout contre la marginalisation de leur province dans les institutions de la République

Le vendredi 20 mai 2022, les notables de la province de l’Equateur avaient, dans une déclaration politique, fait les constats malheureux suivants dont ils demandaient aux décideurs de la République de corriger, à savoir :

– La sous-représentation voire la marginalisation de la province dans les institutions du pays (gouvernement, diplomatie, entreprises et établissements publics) ;
– La confusion dans le chef du pouvoir entre l’ancienne grande province de l’Equateur et la nouvelle issue du découpage territorial ; laquelle confusion encourage certains acteurs politiques d’autres provinces à parler et à agir au nom de notre province cfr voyage à Bokote du Premier ministre ;
– L’anarchie qui règne au sein de l’Assemblée provinciale où une minorité de 6 députés provinciaux a invalidé une majorité de 14 dont certains jetés en prison sans raison. Les suppléants remplaçants ont été désignés dans des conditions irrégulières et sans rapport avec la loi. La Cour Constitutionnelle régulièrement saisie n’a pas réagi à ce jour.

Et face aux réactions suscitées par cette déclaration, les notables de la province de l’Equateur avaient décidé de descendre à Mbandaka où un accueilli chaleureux leur a été réservé par la population équatorienne. Les images diffusées dans la presse et dans les réseaux sociaux parlent d’elles-mêmes.

Voilà pourquoi, ces notables de l’Equateur, ont organisé le jeudi, 07 juillet 2022 à Kinshasa, une conférence de presse pour clarifier davantage leur position sur la marche de leur province et sur la marginalisation dont elle est victime de la part des institutions nationales.

Avaient pris part à cette conférence de presse, les personnalités ci-après, représentant les différents territoires de la province de l’Equateur:
– Joseph Ilumbe Ya Monde (Territoire d’Ingende), Dr Felly Mata- Ebeka ( Mankanza), Mr José Bafala (Basankusu), Dr Evariste Ibongya (Bikoro), Patrick Mayombe (Bomongo).
Et c’est l’ancien ministre et enseignant d’universités, Albert Bombito Botomba (représentant le territoire de Bolomba) qui a répondu aux préoccupations des journalistes, en sa qualité de Porte-parole des notables de l’Equateur.

*Certaines personnes vous contestent comme notables de votre province étant donné que vous n’avez aucun mandat quelconque électif ou institutionnel. Que répondez-vous à cela ?*

Le concept de notable n’est pas lié à un mandat mais plutôt au statut particulier qui est conféré à une personne à cause de son caractère marquant, de sa situation sociale appréciable.
Dans notre groupe, il y a des anciens députés, des ministres, de hauts cadres d’entreprises, des médecins, et j’en passe.
Moi qui vous parle, je suis un ancien haut cadre du ministère du plan que j’ai eu l’honneur de diriger en tant que ministre, sans compter mes passages au budget et aux finances.
J’ai enseigné des générations à l’ISC et à l’UPC. Si avec tout cela, je ne suis pas notable, alors on peut tout simplement considérer qu’il n’y a pas de notables dans ce pays !

*Vous avez déclaré que votre province qui compte sept territoires et la ville de Mbandaka est victime, je vous cite ‘’d’une interprétation confuse de l’équilibre géopolitique’’. pouvez-vous être plus explicite ?*

Mais oui, du fait qu’il s’agit de la province de l’Equateur, on a tendance à nous confondre avec l’ancienne province de l’Equateur qui comptait cinq districts, lesquels ont été élevés en provinces autonomes en tout point de vue. Mais faites vous-même le constat, depuis l’avènement de nouvelles autorités, nous ne sommes représentés pratiquement nulle part au sein des institutions de la République si ce n’est par un vice-ministre au gouvernement.
Le pacte républicain stipule que toutes les provinces doivent être représentées équitablement au sein des institutions de la République.
Nous réclamons tout simplement la part de notre province.

*Vous avez déclaré que cette confusion aide certains acteurs d’autres provinces issues de l’ancienne province de l’Equateur à parler et à agir au nom de cette province. Pouvez-vous donner un exemple ?*

L’exemple le plus frappant reste la dernière visite du Premier ministre à Mbandaka puis à Bokote, dans le territoire de Bolomba, pour honorer la mémoire de Bakandja. Autour du Premier ministre, il y n’avait que des personnalités originaires des autres provinces issues de l’ancienne province de l’Equateur mais pas une seule figure de nouvelle province.
Ce voyage n’a fait que consolider les frustrations voire l’humiliation des populations de l’Equateur.

*Dans les réseaux sociaux, certains acteurs d’autres provinces considèrent votre déclaration comme une incitation à la division de l’ancienne province de l’Equateur’’. Que répondez-vous à cela ?*

Mais, la province est démembrée depuis 2015 en cinq nouvelles provinces par la constitution de 2006.
Au lieu de parler de division et d’éluder le vrai débat sur le pacte républicain, je pense que si ces acteurs avaient été de bonne foi, ils auraient plutôt dû soutenir notre démarche.
De telles prises de position frisent la désinformation et l’intoxication. Dans notre propos, nous n’avons réclamé que le respect du pacte républicain, sans plus. La question de la représentation au sein des institutions est capitale pour une province et ses ressortissants car elle est la seule voie directe qui puisse leur permettre de se faire entendre.

*Vous avez parlé d’une complicité de toutes les hiérarchies en rapport avec la situation de l’Assemblée provinciale ? Qu’est-ce à dire ?*

Rappelons tout d’abord la situation. Il y a aujourd’hui une anarchie qui règne au sein de l’Assemblée provinciale où une minorité de 6 députés provinciaux a invalidé une majorité de 14 dont certains jetés en prison sans raison. Les suppléants remplaçants ont été désignés dans des conditions irrégulières et sans rapport avec la loi. La cour d’appel de Mbandaka qui a été saisie est restée muette. La Cour de cassation qui a été elle aussi régulièrement saisie n’a pas réagi à ce jour. Les autorités gouvernementales au ministère de l’intérieur sont restées muettes. Que vous faut-il maintenant ?
Je pense que notre collègue, l’ancien ministre Mayombe, député émérite, peut donner plus de précision à ce sujet.

*Vous vous êtes récemment rendus à Mbandaka pour expliquer le sens de votre démarche. Quelles leçons en avez-vous tirées ?*

Nous sommes en pleine communion d’esprit et de cœur avec nos populations. Elles ont manifesté par leur adhésion unanime à notre démarche à travers l’accueil chaleureux et massif qu’elles nous ont réservé. Les images passées à la télévision nationale et dans les réseaux sociaux en témoignent. Les seules leçons à en tirer consistent à nommer des ressortissants de l’Equateur à des postes de responsabilité au sein du gouvernement, de la diplomatie, de la magistrature, des entreprises et des établissements publics.

*Parlons un peu de l’actualité. Quelle leçon tirez-vous de la gestion de la RDC, 62 ans après son accession à l’indépendance?*
*Et Lumumba victime reconnue par la Belgique, quelle est votre lecture à ce sujet ?*

Ces sujets sortent un tout petit peu du cadre de nos entretiens. Néanmoins, étant d’actualité, nous ne pouvons pas les éviter comme vous le dites. S’agissant des 62 ans de l’indépendance, nous sommes loin du rêve de Lumumba d’un Congo uni et prospère. L’extrême pauvreté dans laquelle vivent aujourd’hui nos populations interpelle notre conscience de nationaliste. Pour honorer ce rêve, nous avons le devoir de rebondir, de reconstruire notre pays et de le faire prospérer.

*Quel est votre mot de la fin ?*

Comme mot de la fin, nous revenons à notre déclaration du 20 mai dernier pour interpeller les autorités au sommet de l’Etat (Président de la République, Présidents des Chambres, Premier ministre) pour :
– mettre fin à la situation déplorable que connaît la province de l’Equateur Mbandaka ;
– honorer le pacte républicain qui stipule une représentation équilibrée et dosée de toutes les provinces au sein des institutions de la République ;
et enfin garantir le fonctionnement harmonieux des institutions de la province par la libération des députés injustement incarcérés et la réhabilitation du bureau de l’Assemblée provinciale.
Aussi, nous recourons à la clairvoyance particulière du Chef de l’Etat, garant du bon fonctionnement des institutions, pour qu’Il puisse corriger les injustices constatées en attribuant à quelques dignes fils et filles de l’Equateur- Mbandaka (et il y en a) de grands postes de responsabilité dans le cadre d’une nouvelle mise en place.
La province de l’Equateur a participé activement à la naissance de notre pays grâce à ses ressources forestières et agricoles.
Aujourd’hui, elle va, avec la Tshuapa et le Maindombe principalement, contribuer à la survie de l’humanité grâce à la même forêt et aux tourbières. L’avenir du Congo durable en dépend énormément. Il est donc temps de remuer les méninges pour l’avenir en prenant conscience du fait que les ressources équatoriennes sont renouvelables et que bien gérées, elles permettront l’accession du grand et beau Congo au vrai développement autocentré et auto-entretenu.
Je vous remercie.

 

Propos recueillis par JR.MOKOLO