A l’initiative du NDI: Prof Jacques DJOLI présente le code d’éthique et de bonne conduite de la Société Civile
Il s’est tenu le mardi, 10 mai 2022, à l’hôtel Memling, à l’initiative de National Democratic Institute (NDI), un atelier d’appropriation et de vulgarisation du code d’éthique et de bonne conduite de la société civile spécialisée en matière électorale. L’objectif global de cet atelier était donc d’assurer l’appropriation du code d’éthique et de bonne conduite pour un engagement efficace des OSC congolaises dans le processus électoral de 2023. Des assises auxquelles ont pris part de nombreux représentants des organisations de la société civile, qui ont dans un premier temps échanger sur le sous-thème « Comment renforcer la crédibilité de la société civile dans le contexte actuel ? ».
Et de leurs échanges en pannel, on peut noter que « la société civile est dans son essence apolitique, plurielle et ne se bat pas pour l’argent ou pour la conquête du pouvoir mais pour assurer la promotion et la défense des intérêts des citoyens, pour l’emergence d’un État de droit, afin de construire un État à même d’assurer la paix et la construction du pays ». Mais malheureusement, comme l’ont déploré certains intervenants, « certaines composantes de la société civile sont inféodées au monde politique et sont très dépendantes des bailleurs de fonds étrangers ». C’est ce qui fait sa faiblesse.
Et le moment fort de ces assises, c’etait l’exposé du député national et Professeur de droit constitutionnel, Jacques Djoli Eseng’Ekeli, qui a brillamment présenté, à l’intention de l’assistance, le contenu de ce code d’éthique et de bonne conduite de la société civile.
Ce dernier s’est d’abord appesanti sur le contexte dans lequel ce document avait été élaboré depuis 2021, à l’initiative de l’ONG américaine, NDI.
« Après avoir été une société civile de combat pour l’instauration de la démocratie dans les années 1990, elle est devenue par la suite une nouvelle société civile de construction et de consolidation de la démocratie, jusqu’à occuper la présidence de la CENI, avec l’abbé Appolinaire Malumalu.
En 2011, la société civile a été mise en dehors de l’organe de gestion du processus électoral, et les résultats ont été un peu plus déplorables. C’est ainsi que la société civile nationale et la communauté internationale ont vite compris qu’il fallait remettre la société civile dans l’organisation des élections avec notamment la désignation de Corneille Nangaa.
Par la suite, la société civile congolaise s’est lancée dans le processus de réforme du système électoral. Pour vous en convaincre, la plupart des options sur la loi électorale qui ont été levées par le G13 l’ont été après échanges et discussions avec les acteurs et organisations de la société civile.
Il faut néanmoins déploré le fait qu’au Bureau de la CENI, Il n’y a qu’un seul représentant de la société civile, qui assure la présidence, alors que la société politique y est représentée par plusieurs délégués. Les autres membres de la société civile se retrouvant au niveau de la plénière de la centrale électorale ».
Pour le Prof Jacques Djoli, qui s’exprimait en qualité de Consultant de NDI, la société civile a un grand rôle à jouer dans le bon déroulement du processus électoral en RDC.
« Au-delà du texte sur la Ceni, au-delà du texte sur la loi électorale, il fallait voir comment la société civile peut essayer d’équilibrer le jeu pour que le processus de désignation des acteurs politiques ne soit pas confisqué par les politiciens eux-mêmes, qui cherchent à confisquer le pouvoir, à s’éterniser au pouvoir, en taillant les lois et les règles du jeu en leur mesure.
Donc, ce ne sont que les ASBL, les associations de la société civile qui peuvent défendre les intérêts de la société, parce qu’elles sont sans but lucratif.
En effet, les organisations de la société civile viennent pour les intérêts nobles, pour défendre notamment la neutralité, l’intégrité et la crédibilité du processus électoral. Vous n’êtes pas des candidats, vous ne cherchez pas à accéder au pouvoir mais vous voulez que le processus reste intègre et crédible, car s’il n’y a pas d’institutions légitimes issues des élections crédibles, ces institutions seront inefficaces. Et c’est ce qui va accroître la pauvreté dans le pays. Donc, la société civile vient rééquilibrer le jeu politique en veillant sur l’intérêt général, l’intérêt de la population, souvent au péril de leur vie », a-t-il martelé avant de rappeler certains hauts faits d’armes de la société civile.
« En 1960, la société civile s’est bâtie pour l’accession de la Rdc à l’indépendance, avec le manifeste de la conscience avec l’abbé Malula ; les manifestations des étudiants en 1968 contre la dictature ; la marche des Chrétiens du 16 février 1992 pour la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine ; sa participation active au dialogue de Suncity ; les manifestations des chrétiens (CLC) pour exiger la tenue des élections sous Kabila »
Et pour consolider les points forts de la société civile et conjurer ses faiblesses (comme les égos, les tentatives de débauchage, les communiqués orientés), le Professeur Jacques Djoli a soutenu qu’il fallait donc avoir un code d’éthique et de bonne conduite, qui a été mis en place, a-t-il rappelé, à l’issue d’un long et laborieux processus, qui a commencé depuis une année, avec l’appui du NDI.
« L’objectif de ce code, c’est d’avoir une société civile crédible et efficace, à même de contribuer à l’organisation des bonnes elections en 2023. Car, il faut être soi-même crédible pour contribuer à organiser des élections crédibles », a-t-il indiqué.
Il faut noter que ce code d’éthique et de bonne conduite appelle notamment les organisations signataires au respect des valeurs ci-après : le respect des lois de la République, le professionnalisme, l’intégrité, la responsabilité, la solidarité, l’indépendance et l’objectivité.
Et selon ce même code, ces organisations de la société civile spécialisée en matière électorale s’obligent à bannir les antivaleurs suivants: le mensonge, la calomnie, le népotisme, les injures, l’incitation à la haine, au tribalisme, à la violence.
Enfin, un mécanisme de collaboration est prévu pour permettre à toutes ces organisations de la société civile de travailler en synergie et de se présenter unies et avec un message commun lors des discussions avec la CENI ou avec les autres parties prenantes au processus électoral.
JR MOKOLO