OGEFREM : Retour interdit pour Patient Sayiba Tambwe
Depuis sa suspension de ses fonctions de Directeur Général de l’Office de Gestion du Frêt Multimodal (OGEFREM) le 09 juillet 2021 par l’Arrêté ministériel Numéro 001/CAB/MIN/TVCD/2021, Monsieur Patient Sayiba Tambwe ne donne plus signe de vie. Il était appercu pour la dernière fois lorsqu’il a été chassé d’une salle de réunion à Accra, au Ghana, alors qu’il tentait de prendre part à une réunion à laquelle participait le Président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Et de l’étranger où il se trouve, le Directeur Général suspendu de l’OGEFREM s’active comme un loup dans un bénitier pour récupérer ce qu’il considère comme « son fauteuil » à la tête de cette entreprise publique du secteur des transports, qu’il gerait comme un butin de guerre et où il a placé de très nombreux courtisans, qui ne jurent que par son retour pour reprendre leur jouissance.
En effet, par le canal de son avocat, Me Marius Tshipama, le DG suspendu de l’OGEFREM avait saisi le Premier Ministre par un recours hiérarchique contre l’arrêté du Ministre des Transports, via la lettre référencée 218/CAB-MUL/07/021 du 25 juillet 2021.
Ironie du sort, de la même façon que lui-même n’a jamais donné suite aux recours lui adressés par le personnel de l’entreprise qu’il sanctionnait au gré de ses humeurs, le Chef du Gouvernement n’a jamais donné suite à la requête de Patient Sayiba Tambwe.
Et dans sa témérité, le DG suspendu n’a cessé de multiplier sans succès les démarches pour reprendre du service au sommet de cette société d’État.
Et selon les sources proches du dossier, le camp Sayiba a aligné revers sur revers :
En effet, bien que jugée recevable, sa requête déposée au Conseil d’État, pour l’annulation de l’arrêté ministériel le suspendant, a été déclarée « non-fondée » au regard de la solidité des arguments de la République Démocratique du Congo. Et la fête pour sa réhabilitation que préparait son « Fan Club » au sein de l’entreprise a été renvoyée aux calendes grecques.
Le dernier baroud d’honneur de Patient Sayiba Tambwe, selon nos sources, c’est sa requête introduite dernièrement auprès du même Conseil d’État sollicitant sa réhabilitation du fait du dépassement de délai suspension (03 mois).
Et selon un juriste proche du dossier, la requête du DG suspendu de l’OGEFREM n’a aucune chance d’aboutir et pense qu’il ne faut pas faire une lecture partielle des textes. Car, rappelle-t-il, le Décret numéro 13/056 du 13 décembre 2013 portant statut des Mandataires publics dans les Établissements publics stipule notamment en son article 9 que » Le Mandataire public qui, d’après des indices suffisamment graves et concordants, est présumé avoir commis une faute, peut être suspendu immédiatement de ses fonctions pendant une durée de trois (3 ) mois. Dans ce cas, la suspension des fonctions est une mesure préventive décidée dans l’intérêt du service. (…)La suspension est accompagnée de l’ouverture d’une enquête ou d’un audit dont le rapport est destiné au Gouvernement
(…) Si le Mandataire public n’est pas réhabilité dans un délai de trois (3) mois, le Gouvernement procède au retrait du mandat du mandataire public concerné et pourvoit à son remplacement ».
De ce qui précède, notre source renseigne qu’une Commission de discipline avait bel et bien instituée pour entendre Patient Sayiba Tambwe, qui ne s’est jamais présenté. Et un Procès-Verbal de carence a été dressé par cette Commission qui aurait suggéré, dans un rapport transmis à qui de droit, « la révocation de Sayiba Tambwe ».
A ce niveau de la procédure, les analystes ne voient pas comment le Conseil d’État peut donner gain de cause au DG suspendu de l’OGEFREM dont le dossier suffisamment lourd attend la sanction finale du Chef de l’État.
Aussi, les mêmes analystes soulèvent le questionnement ci-après :
– Comment Patient Sayiba Tambwe, qui cherche à être réhabilité, va-t-il travailler avec un Ministre de tutelle qui l’avait suspendu et qui a même suggéré sa révocation ?
– Comment va-t-il faire face aux nombreux griefs contenus dans les Rapports de l’inspection Générale des Finances, du Conseil Supérieur du Portefeuille, voire du Collège des Commissaires aux comptes qui s’est même retrouvé dans l’impossibilité d’émettre une opinion sur les états financiers de l’OGEFREM pour l’exercice clos au 31 décembre 2020, cela suite à une lourde perte nette de CDF 3.868.847.551, à des acquisitions sans respect de la loi sur les marchés publics, au décaissement des sommes colossales pour l’achat des logiciels dont la plupart n’ont jamais été livrés, au décaissement d’énormes sommes pour des études non réalisées, des « trop payés » non justifiés de CDF 2.175.554.882 sur la rémunération, comme ce fut déjà le cas en 2018 pour une somme de CDF 2.973.452.202 ; suite également à l’existence des sous-comptes avec des soldes anormaux dans le compte Rémunération du Personnel, à l’instar de plusieurs autres comptes avec des soldes anormaux pour un montant global de CDF 3.270.884.492, à la non-prise en compte dans les états financiers, de 41 comptes bancaires pour un total de plus de CDF 3.699.875.802 dans le compte virements internes alors que celui-ci devrait être nul ?
– Enfin, comment Patient Sayiba Tambwe peut-il être réhabilité comme DG de l’OGEFREM, après avoir nargué toutes les autorités de l’État, fait une intrusion dans la ceinture rapprochée du Chef de l’État lors de son récent séjour à Accra au Ghana, au point de devenir « un problème sécuritaire », et jeté de l’opprobre, en terre étrangère, sur une délégation officielle conduite par le Président de la République Démocratique du Congo ?.
Comme on le voit, les carottes sont donc cuites pour Patient Sayiba Tambwe, en depit du fait qu’il ait pu, via son point focal implanté au niveau de la Primature, soutirer tous les documents le mettant en cause. Pour preuve, selon nos sources, le Rapport de la Commission de discipline déposé également au Cabinet du Premier Ministre est resté jusqu’alors sans suite pour la simple raison que Patient Sayiba a réussi à le faire disparaitre.
En outre, le DG suspendu de l’OGEFREM s’évertue actuellement à user des trafics d’influence et de la corruption auprès de certains conseillers de la Primature et de certains juges du Conseil d’État, dans l’ultime espoir de revenir aux affaires.
Mais, quel est ce juge qui peut mettre sa carrière en péril pour défendre les intérêts personnels et égoïstes d’un cacique du FCC ? Et surtout qu’au lendemain de son discours sur l’état de la Nation, le Chef de l’État, a les yeux braqués sur les animateurs de la justice.
« Les hommes passent mais les institutions demeurent. Patient Sayiba Tambwe n’est pas le premier ni le dernier manager de l’OGEFREM », a martelé un cadre qui a vu défilé pas mal de gestionnaire à la tête de cette entreprise publique des décennies.
Dossier à suivre
Jean Mokos